Médecins libéraux et assistants médicaux : ou comment faire reculer les déserts médicaux. Peut-être….
Jeudi 20 juin 2019 a été signé à Paris un accord entre l’assurance-maladie et les professions de santé ayant pour objet de subventionner des cabinets de médecine libérale à hauteur de 12000 à 36000 euros (la première année, un peu moins les années suivantes), à la condition d’embauche à temps complet ou partiel d’assistants médicaux par des médecins libéraux et du développement corrélatif du volume de leur patientèle.
La recette miracle tiendrait, selon M. Revel, Directeur général de la CNAM (lire Les Echos, du Jeudi 20 juin 2019) au fait de libérer les médecins de certains tâches administratives « qui ne sont pas au cœur du soin ». Cela doit faire au moins 20 ans que les organisations professionnelles dénoncent l’envahissement de leur temps médical par des tâches administratives. Il faut dire que l’Assurance maladie est bien placée : elle sait de quoi elle parle.
Une étude Doctolib du 29 avril 2017 faisait état de ce que, sur une journée de 10 heures de travail, un médecin généraliste n’en consacrait que 6 à la consultation proprement dite.
Ce temps libéré est censé permettre la prise en charge de plus de patients. Donc ceux des médecins libéraux qui travaillent beaucoup pourront travailler plus. La CNAM explique ainsi qu’au bout de deux ans, le généraliste devra avoir accru sa patientèle de de 210 patients supplémentaires. En quoi, exactement, les déserts médicaux vont-t-ils reculer ? Nos concitoyens ne le sauront vraisemblablement qu’au terme de un ou deux cycles de vie conventionnelle, d’un rapport de la Cour des comptes et d’un évaluation indépendante. En pratique, tout le monde comprend que ces concitoyens sont ceux de la génération suivante.
Le travail de cet assistant médical ? Hors patient, gérer l’administratif. Avec patients, consacrer du temps à la levée de l’information administrative auprès du patient et au recueil des constantes et donc réduire la durée moyenne de la consultation qui serait ainsi « légèrement moins longue, mais sans que cela n’altère la qualité des soins ni le dialogue avec le patient ». Avec une durée moyenne de la consultation généraliste observée en France de 16 (source 2006 https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er481.pdf) à 17 minutes (étude Doctolib du 29 avril 2017) le patient va-t-il avoir la sensation d’une qualité des soins accrue ? Sa première sensation résultera de la facilité (accessibilité et délai de rendez-vous), avec laquelle il aura trouvé un praticien. La problématique de la désertification médicale chère à Madame Touraine, instigatrice des Pactes Territoires Santé 2012 et 2015 en sera-t-elle résolue ? Voire.
Ah, j’oubliais ! La perception de la subvention suppose de s’être engagé dans un exercice regroupé et de pratiquer des tarifs opposables ou maîtrisés. En d’autres termes, un exercice médical « optimisé ».
Musset Avocats- François Musset – 25 juin 2019